Onze réflexions sur l'écriture de John Steinbeck

27 Février 2014

Je crois qu'il n'existe qu'une et une seule histoire dans le monde... Les êtres humains sont prisonniers - de leurs vies, de leurs pensées, de leurs appétits et de leurs ambitions, de leur avarice, de leur cruauté, de leur gentillesse et de leur générosité aussi. Il n'y a pas d'autre histoire. Un homme, quand il a ôté de sa vie les fioritures, se retrouve face à des questions nettes et difficiles : était-ce le Bien ou le Mal ? Ai-je bien ou mal fait ?
La profession d'écrivain fait paraître celle de jockey comme une situation stable.
Pour un écrivain, finir est un cauchemar. Une petite mort. Il écrit le dernier mot, et c'est fait... Mais ce n'est pas réellement fini. C'est seulement que l'histoire s'en va en laissant l'écrivain derrière elle parce qu'aucune histoire n'est jamais réellement terminée.
Les idées sont comme des lapins. Vous en avez un couple, vous apprenez à vous en occuper et très vite, vous en avez une douzaine.
Ecrivez comme si vous écriviez une lettre destinée à quelqu'un. Cela vous enlèvera la terreur d'écrire pour un public anonyme.
Nous sommes des animaux solitaires. Nous passons toute notre vie à essayer de lutter contre la solitude. Une de nos plus anciennes méthodes pour ce faire consiste à raconter une histoire.
Dans la solitude la plus absolue, un écrivain tente d'expliquer l'inexplicable.
L'écrivain doit penser que ce qu'il fait est la chose la plus importante du monde. Et il doit s'accrocher à cette idée même quand il sait qu'elle n'est pas vraie.
S'il y a une magie dans le fait d'écrire une histoire - et je suis persuadé qu'il y en a une- personne n'a jamais réussi à la réduire à une recette qui pourrait être transmise d'une personne à une autre. La formule semble résider uniquement dans l'envie douloureuse de l'écrivain de transmettre quelque chose qu'il estime important pour le lecteur. Si l'écrivain éprouve cette nécessité, il peut parfois, mais pas tout le temps, trouver le moyen de le faire.
J'ai toujours peur au moment d'écrire la première ligne. C'est incroyable, les terreurs, les superstitions, les prières, les timidités qui vous assaillent. C'est comme si les mots n'étaient pas seulement indélébiles, mais quils se répandaient partout et teintaient tout autour d'eux. Une affaire étrange et mystique, l'écriture.
La littérature est aussi vieille que le langage. Elle est née du besoin que les humains avaient d'elle, et ceci n'a pas changé, sinon qu'elle est peut-être devenue encore plus nécessaire.