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Tu travailles à ce texte depuis des semaines, des mois , voire des années. Ton projet, tu l’as entrepris, puis abandonné, puis repris, puis modifié, puis laissé en suspens, puis repris à nouveau. Tu te demandes quel sens cela a de poursuivre. Tu as le sentiment de traîner ton texte partout avec toi, comme un invisible boulet.

Quand on demandait à Braque combien de temps il lui fallait pour peindre un tableau, celui-ci répondait : « Pour peindre un tableau, je mets une demi-heure, plus toute une vie… » Ecrire un roman ou un récit prend quelques semaines, ou quelques mois, plus toute une vie.

Le texte a son rythme propre. Il s’accumule, se précise en toi. Il accompagne ta transformation intérieure, il la manifeste ; il la provoque parfois. Essaye de demeurer confiant dans la durée. Certains livres célèbres ont été écrits en quelques jours (Stendhal aurait dicté la Chartreuse de Parme en trois semaines) ; d’autres sont l’œuvre de toute une vie.

« Le temps ici n’est pas une mesure. Un an ne compte pas : dix ans ne sont rien. Etre artiste, c’est ne pas compter, c’est croître comme l’arbre qui ne presse pas sa sève, qui résiste, confiant, aux grands vents du printemps sans craindre que l’été puisse ne pas venir. L’été vient. Mais il ne vient que pour ceux qui savent attendre, aussi tranquilles et ouverts que s’ils avaient l’éternité devant eux[1]. »

Ceci est un extrait de Mon livre en cours : Proust, Duras et toi (à paraître en septembre 2010, aux Carnets de l'info)

Tag(s) : #mes chroniques
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