16 janvier 1991. Dans le petit studio que j’habite au 14 rue Lepic, je regarde la télévision. Il fait nuit depuis longtemps déjà. Ce soir, l’ultimatum posé à Saddam Hussein a expiré et les troupes américaines bombardent le territoire Irakien. Images nocturnes indécises ; avions, bâtiments vus de haut, explosions.
Du bruit dans le couloir ; on frappe, on appelle. Je n’y prête pas attention. Cette fois, on frappe à ma porte. J’ouvre. C’est une jeune femme noire que j’ai déjà vue, la petite amie de mon voisin, un Camerounais nommé Omer.
« Vous ne savez pas si Omer est chez lui ? » Je n’en ai aucune idée. « Je suis sûre qu’il est là. J’ai frappé, mais il n’ouvre pas.
- Mais je croyais que vous aviez la clé ?
- Je l’ai. Mais elle n’ouvre pas. On dirait que la serrure a été changée. »
Ah. Je la fais entrer, lui offre de boire quelque chose. Nous restons un moment ensemble, l’oreille aux aguets, écoutant d’éventuels bruits venus de l’appartement voisin. La télé diffuse toujours des images militaires. « Les Américains sont entrés en Irak » dis-je. Elle s’en tape complètement. Seul Omer l’intéresse.
Ce n’est pas la première fois qu’Omer agit ainsi avec une de ses conquêtes elle ne peut pas le savoir, et je ne le lui dis pas. Au bout d’un moment, elle finit par s’en aller. Je retourne m’asseoir devant la télévision. Ce n’est pas la dernière fois que les Américains s’en prennent à l’Irak, mais ça, c'est moi qui ne le sais pas.
Spectateur de désastre
Cabriolet, cabriolet
Sincérité entre époux