Tu es réveillé par des pleurs venus de la chambre de ta fille. Tu te lèves en hâte, encore mal réveillé ; tu vas à tâtons jusqu'à elle. Assise dans son lit à barreaux, le visage inondé de grosses larmes, elle tend les bras vers toi en réclamant de l'eau.
Après avoir bu quelques gorgées, elle se blottit contre ta poitrine. Dans sa chambre, une agréable tiédeur. Tout est calme. Tu sens son poids, sa chaleur, la douceur de sa joue posée contre la tienne. Tu éprouves ton bonheur.
Avant d'aller te recoucher, honteux et coupable, tu vas t'asseoir à l'ordinateur. En deux clics, tu atteins le site de la Fondation de France, là tu cherches les mots Solidarité Haïti. Tu vires un peu d'argent sur leur compte. Puis tu éteins tout.
Tu retournes te coucher. En chemin, tu vérifies que ta fille respire régulièrement. Dans ta chambre, ton conjoint ronfle paisiblement. Tu t'allonges. En toi, des images de désastre : immeubles effondrés, habitants prisonniers des décombres, orphelins errants dans les rues. Tu tentes vainement de te rendormir.