Il y a des moments comme ça, je n’y peux rien. Ils m’ont marquée, m’habitent encore, parfois même des années après avoir vu le film, parfois même alors que tout le reste du film a sombré dans l’oubli. Ca n’a rien à a voir avec la qualité du film.
Je suppose que chacun d’entre eux répond profondément à quelque chose que je suis. Je les livre comme si cette mosaïque avait à avoir avec quelque chose d’un autoportrait.
Les Mystères de l’amour
C’est une ineptie américaine dont le thème principal est la chirurgie esthétique. De ce film, vu il y a fort longtemps, j’ai tout oublié, titre, réalisateurs, acteurs ; tout sauf une des scènes finales.
Depuis le début du film, le personnage féminin s’efforce en vain d’attirer l’attention d’un séduisant prof de gym. Confrontée à l’échec renouvelé de ses tentatives, elle finit par laisser tomber. Mais du coup, elle prend une décision radicale : pour compenser une poitrine de très faible volume, elle se fait poser des implants mammaires. Après quoi, munie de ses nouveaux seins, elle se rend à une soirée, à laquelle – surprise ! – le prof de gym est également présent. Cette fois, c'est lui qui s'approche d'elle.
« Il y a quelque chose de changé, chez vous » affirme le bellâtre bodybuildé, le sourire aux lèvres, un verre de jus de carotte à la main.
Sourire gêné de la fille. « Vraiment ? ».
Le prof de gym la considère d’un air approbateur, l’inspecte de bas en haut, avant de s’écrier, pour le plus grand malaise de son interlocutrice : « Je sais ! ».
Et de poursuivre sur un ton triomphal : « Vous, vous faites du jogging ! ».
Soulagement maximal de la protagoniste (ainsi que du spectateur que je suis). Et dans le sourire du prof de gym, on voit qu’entre eux, grâce à cette modification apportée par le « jogging », tout est désormais possible.
Ce à quoi je m’identifie : la gêne du personnage sur le point d’être démasquée et son soulagement lorsque l’interlocuteur fait une hypothèse totalement erronée qui la dispense d’avouer.
Et toi ? Dans quel moment de film te projettes-tu ?