Autoportrait en mosaïque, fragment 1

23 Mars 2011

Il y a des moments comme ça. Ils m’ont marquée, m’habitent encore, parfois des années après avoir vu le film, parfois même alors que tout le reste a sombré dans l’oubli. Ca n’a rien à a voir avec la qualité du film.

Je suppose que chacun de ces moments répond profondément à ce que je suis. Je mets ces fragments bout à bout, comme si cette mosaïque pouvait dessiner un autoportrait.

1 : Il Postino ou la Récompense de Pablo Neruda

En exil dans un coin perdu de l’Italie du sud, le poète chilien noue peu à peu des liens d’amitié avec le facteur. Lorsque ce dernier, amoureux d’une jeune femme, lui demande d’écrire à sa place un poème d’amour destiné à la belle, Neruda s’exécute.

Quelques temps plus tard, le poète voit arriver comme une furie la vieille tante ayant autorité sur la jeune fille. « Que se passe-t-il ? demande le poète, décidé à calmer le jeu.

Il y a que ce maudit facteur a déshonoré ma nièce, voilà ce qu’il y a ! hurle la vieille. J’ai trouvé une lettre de lui dans laquelle il dit qu’il l’a vue nue !

Et pour le convaincre de la culpabilité du facteur, la vieille lit un texte dans lequel le spectateur reconnait le poème de Neruda.

« Nue, tu es belle comme le troupeau qui dévale la colline ; nue, tes seins sont comme des fleurs sauvages qui se dressent à l’approche du soleil ; Nue, tes cuisses bondissent comme de jeunes cabris…»

Un peu gêné, le poète interrompt la vieille :

Mais c’est de la poésie, ça… Si ça se trouve, il imagine… Il ne l’a peut-être pas vraiment vue nue…

Si, dit la vieille, qui redouble de fureur. Il l’a vue. Et vous savez comment je le sais ?

Elle s'approche de Neruda et chuchote à son oreille :

- C’est parce que, nue, ma nièce est exactement comme ça !

- Exactement comme ça ? Vraiment ?"

La vieille hoche la tête. Neruda sourit,à la fois embêté, confus et charmé.

Et toi ? Dans quel moment de film te retrouves-tu ?

Pour en savoir plus sur Il Postino : http://www.cinemotions.com/modules/Films/fiche/1369/Le-Facteur.html